Cocktail Culturel

PRÉMICES

Les réseaux sociaux reposent sur un modèle économique fondé sur la captation de l’attention à des fins de revente d’espaces publicitaires.
Pour y parvenir, leurs algorithmes exploitent les biais cognitifs, notamment les biais de confirmation et de négativité, orientant les usagers vers des contenus polarisants, conformes à leurs croyances.
Ce système de recommandation a des conséquences sociales et sanitaires majeures :

• Cyberharcèlement : 1 collégien sur 4 victime de cyberviolence (INSEE)
• Racisme en ligne : +500 % d’occurrences du mot « nègre » sur X/Twitter (ONU)
• Agressions numériques : 73 % des femmes victimes d’attaques en ligne (HCEF)
• Infocide : 6 700 Rohingyas tués à la suite de campagnes de désinformation (MSF, Amnesty International)
• Climatoscepticisme : 1 mort toutes les 28 secondes liée à l’inaction climatique (Oxfam)
• Désinformation médicale : recul de l’espérance de vie mondiale de 1,8 an (ONU)

UN CONTEXTE DE RUPTURE

Historiquement, les bibliothèques publiques garantissent un accès équitable et démocratique à la culture.
Pourtant, malgré leurs efforts de modernisation numérique, elles ne constituent plus le principal point d’entrée vers les savoirs.
Les usages informationnels se redéfinissent désormais à travers les réseaux sociaux.

En dix ans, j’ai créé plus de 100 sites de bibliothèques et assuré la maintenance de plus de 700.
Cette expérience m’a permis de constater à quel point la découvrabilité culturelle est désormais façonnée par les plateformes commerciales.

Les bibliothèques, encadrées par la loi Robert et la charte éthique des algorithmes publics, ont pourtant le devoir de lutter contre la désinformation et de promouvoir la diversité culturelle.
Mais face à des acteurs hégémoniques tels que YouTube — propriété de Google, dont le chiffre d’affaires dépasse le PIB de la Hongrie —, la concurrence est inégale.

LE PROJET : COCKTAIL CULTUREL

C’est dans ce contexte que s’inscrit Cocktail Culturel, un tiers-lieu numérique au service des bibliothèques et des institutions culturelles.

Ce dispositif expérimental s’appuie sur une API de découvrabilité et une extension navigateur pour :

• Agir sur YouTube sans dépendre des flux algorithmiques imposés ;
• Personnaliser les recommandations sans exploiter les données personnelles ;
• Concilier pertinence, pluralisme et valeurs du service public.

IMPACT RECHERCHÉ

Cocktail Culturel agit comme un outil de régulation des environnements numériques, contribuant à :

• Lutter contre la désinformation et les discriminations ;
• Rendre visibles les contenus culturels publics dans les espaces attentionnels dominants ;
• Favoriser une découvrabilité éthique, inclusive et durable.

RÉSULTATS ET RECONNAISSANCE

Mené en collaboration avec Lamia Badra, enseignante-chercheure au laboratoire Communication et Sociétés (EA 4647), le projet a déjà donné lieu à six publications scientifiques :

• Découvrabilité culturelle éthique : levier de coopération territoriale pour une médiation informationnelle inclusive et durable — Journée d’étude Tic.is
• Entre humains et machines : expérimenter une découvrabilité éthique au service d’une gouvernance informationnelle inclusive — Colloque Eutic
• Découvrabilité culturelle à l’ère de l’intelligence artificielle : entre promesses d’accès et défis éthiques de la recommandation algorithmique — Colloque M’2025
• Réappropriation collective de la découvrabilité : quand les territoires expérimentent des alternatives coopératives aux algorithmes extractifs — Revue Varia (en cours de validation)
• Intelligence artificielle et médiation documentaire : gouvernance hybride et tiers-lieu numérique en bibliothèque — Revue Balisages (en cours de validation)
• Bibliothèques et découvrabilité éthique : dépasser les algorithmes commerciaux pour une médiation inclusive et responsable des savoirs — Revue Bibliothèque & Documentation (en cours de validation)

Le projet a reçu plusieurs prix de l’innovation :

• Numérique (Pingstar)
• Intercommunalités (Les Interconnectés)
• Audiovisuel (Futura Cinéma)

Il a été sélectionné par le Ministère de la Culture pour représenter l’innovation française au Canada, aux côtés de l’INA, Deezer et TV5 Monde.
Il fait également l’objet :

• d’une formation sur France Université Numérique, à l’initiative des ministères de la Culture français et québécois ;
• d’un enseignement en Master 2 Sciences de l’information et bibliothèques à l’Enssib ;
• d'une intervention devant les M1 en projet ingénierie en informatique de Télécom Saint-Étienne
• d'une intervention devant les M1 DPEC – Direction de projets ou établissements culturels, parcours Métiers du livre et stratégies numériques
• d’une animation à la Cité des sciences lors du congrès de l’Association des Bibliothécaires Français (ABF), sur le thème "Développer l’esprit critique sur YouTube via la découvrabilité".
• d'une table ronde au MTL Connect 2024 sur le thème "Le livre leader, de la transformation numérique"
• de plusieurs articles dans la presse locale et spécialisée (Le Progrès, Actualitté, Archimag)
• de plusieurs soutiens par des incubateurs et structures ESS (Lyon Startup, Use'In, Startup & Go, Belle de Mai, Clermont Innovation, Lattitudes, Cigales, 1kubator, Futura Cinéma)
• a reçu un financement par les Cigales (financement ESS)
• a donné l'opportunité de m'entretenir avec le Ministre de la Culture du Québec sur mon approche de la découvrabilité
   

Enfin, plus de 400 personnes — grand public, non-publics et professionnels des bibliothèques — ont testé le dispositif.
Les résultats obtenus à cette échelle sont encourageants et prometteurs.

ET MAINTENANT ?

L’objectif est désormais de passer du stade expérimental à la mise en œuvre dans un réseau de bibliothèques pilotes.
Cela implique :

• Une refonte de l’infrastructure technique pour améliorer la performance ;
• Une optimisation des coûts de fonctionnement afin d’assurer la viabilité du déploiement à grande échelle.
• Adaptation à des contextes territoriaux très diversifiés