-
Acteur de la transition écologique
-
Entreprise
-
1 à 2 salariés
-
Maturité
Vous allez recevoir à la suite de votre vote un email de confirmation.
Vous allez recevoir un e-mail comportant un lien de confirmation de vote.
Au clic sur le lien, le vote sera pris en compte.
L'aquaponie en système couplé
par EARL Ferme Aquaponique de l'Abbaye
Après avoir obtenu mon diplôme d'Ingénieur en Mécanique et Microtechnique avec comme spécialité la gestion des lignes de production, j'ai travaillé 9 ans dans l'industrie en tant que Responsable Maintenance et Travaux Neufs. Lasses d'être enfermée entre 4 murs, j'ai souhaité reprendre la ferme de mes grands-parents. La ferme se situe juste à côté de l'étang de Bouzey, cette proximité interdit les rejets liés à l'élevage des animaux et les engins agricoles pour la sécurité des touristes. J'ai cherché pendant 2 ans une activité agricole qui me permettrai de faire revivre la ferme familiale et fin 2017 j'ai découvert l'aquaponie dans un magazine. L'article expliquait que les excréments des poissons n'étaient plus une pollution pour l'environnement, mais servaient d'engrais pour faire pousser des légumes hors sol, le tout en système fermé au niveau de l'eau. Après de nombreuses recherches, j'ai vu qu'il existait 2 façons différentes de pratiquer l'aquaponie, en système couplé ou en système découplé.
Dans les 2 cas, les excréments des poissons servent d'engrais pour faire pousser des plantes, en système couplé l'eau qui sort des plantes revient filtrée aux poissons, en système découplé l'eau qui sort des plantes est rejetée. Le système découplé est choisi dans plus de 90% des cas, les poissons et les plantes sont indépendants, de temps en temps l'eau des poissons va nourrir les plantes, mais l'eau des plantes ne revient jamais aux poissons. Le système couplé est très peu utilisé, les poissons et les plantes sont dépendants, 24h/24 l'eau des poissons va nourrir les plantes et les plantes filtrent l'eau des poissons qui leur revient propre. Le système découplé est très souvent utilisé, car il permet l'utilisation d'engrais chimique et de pesticides au niveau des plantes, puisque l'eau des plantes ne revient pas aux poissons.
Le système couplé m'a tout de suite attiré, car il ne permet pas l'utilisation d'engrais chimique ni de pesticides, et qu'il préserve la ressource eau. Au printemps 2018, j'ai commencé à faire pousser des légumes avec l'eau de mon bassin, après de nombreuses heures d'observations, j'ai apporté des modifications au système pour favoriser le développement d'un écosystème dans lequel poissons et légumes s'entraident. Ma volonté est d'avoir un seul entrant dans le système, la nourriture des poissons et d'être un maximum autonome, tout en limitant mon impact sur l'environnement. C'est pourquoi, j'ai fait le choix d'élever des poissons omnivores, ils s'adaptent aux températures de l'hiver et de l'été, ils sont très peu demandeur en oxygène et ils mangent de tout à condition que ça soit tendre.
Fin 2018, j'ai lancé un financement participatif qui m'a permis de rénover l'ancienne salle de traite de mes grands-parents et de mettre en place un système plus grand, dans un bâtiment de 80m2.
Puis, j'ai rénové grâce au soutien d'une banque, les 1200m2 de bâtiments restants, pour y créer 5 systèmes d'aquaponie en système couplé.
J'ai travaillé pendant 3 ans avec 3 laboratoires de Nancy, pour comprendre ce qui se passe dans mes systèmes, connaître le fonctionnement de mes écosystèmes, afin de mettre en place les bonnes actions. Nous avons travaillé sur les associations de poissons pour favoriser le bien-être des poissons, dans un même bassin il y a des carpes communes qui vont nettoyer le fond du bassin, des poissons rouges qui vont nettoyer le milieu et le haut du bassin et des esturgeons qui vont nettoyer les parois du bassin, afin que les poissons évoluent dans un environnement de qualité. Nous avons travaillé sur les associations de légumes, chaque légume relargue dans l'eau des molécules bien spécifiques qui ont de nombreuses vertus sur la santé (antioxydante, anti-inflammatoire ...), multiplier les variétés de légumes permet d'avoir des molécules différentes qui maintiennent les poissons en bonne santé. Ces molécules profitent aux poissons uniquement en système couplé, car l'eau des légumes revient aux poissons, ce qui n'est pas le cas en système découplé. Nous avons travaillé sur la qualité de l'eau des systèmes et découvert un vrai écosystème à l'intérieur, en prélevant un échantillon d'eau, le laboratoire peut savoir quelles espèces de poissons sont élevées et quels légumes sont cultivés dans le système. Chaque poisson a son propre microbiote et chaque légume a ses propres molécules.
Aujourd'hui, nous élevons des carpes communes, des poissons rouges, des carpes koï, des esturgeons et des tanches, (environ 12000 poissons tous omnivores) et nous cultivons 10 Tonnes de légumes par an dans le respect des saisons (50 variétés de légumes). Les poissons mangent nos déchets végétaux, notamment les racines et les feuilles, ils mangent les lombrics de notre compost et des lentilles vertes germées cultivées dans les Vosges.
L'aquaponie en système couplé est un écosystème quasi-autonome dans lequel l'intervention humaine est limitée. Cet écosystème permet d'élever des poissons et cultiver des légumes en préservant la ressource eau et sans utiliser d'engrais chimiques, ni de pesticides.
Je travaille tous les jours à démontrer que cet aquaponie à de nombreux avantages et répond aux problématiques actuelles, à savoir : les aléas climatiques, l'appauvrissement des sols, le manque d'eau, l'utilisation de pesticides, le manque de terres agricoles, le manque de mains d'oeuvre qui fuit les métiers difficiles ...