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Acteur de la transition écologique
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Entreprise
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1 à 2 salariés
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Développement
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java ! une briqueterie solidaire au sud de Nantes
par studio bali
En France, le secteur du bâtiment est le premier secteur en matière de consommation d’énergie et le deuxième en matière d'émissions de gaz à effet de serre. En outre, il est responsable de 23% de la pollution de l’air et 40% de la pollution de l’eau. Il représente également 70% des déchets produits par les activités économiques. Parmi ces millions de tonnes de déchets du BTP, les terres représentent à elles seules 75% du volume total et des dizaines de milliers de rotations de camions. Le secteur du BTP a un impact néfaste sur l’environnement, mais également sur la santé. De nombreux polluants chimiques (composés organiques volatils et semi-volatils) sont détectés dans les matériaux de construction et de décoration. L'Agence française de sécurité sanitaire de l'environnement et du travail atteste que la majorité de la population française est exposée à des COV, notamment au sein des logements et des établissements scolaires, alors même que ce sont d’importants facteurs de risque de cancer. La question de la santé dans le bâtiment nous semble alors un axe primordial pour repenser nos modes de production.
À l’opposé de ce contexte délétère, il existe de nombreux matériaux sains et naturels. Présente sous nos pieds, la terre crue est une ressource locale, abondante, gratuite. Sa mise en œuvre est très instinctive et nécessite peu d'outillage, ce qui la rend à la portée de toutes et tous. Elle est accessible en autoconstruction et est souvent pratiquée dans le cadre de chantiers participatifs, ce qui en fait une technique d'une grande intensité sociale. Sa mise en œuvre est un support pédagogique idéal, inclusif, et même thérapeutique : elle a un impact positif sur la santé mentale de ses usagers et usagères. Aussi, la construction en terre crue est peu consommatrice d'énergie grise, étant donné qu’elle se fait en majeure partie sans mécanisation. À titre d’exemple, elle rejette 83 fois moins de CO2 que la production de parpaings. Enfin, ce matériau possède de formidables qualités thermiques et hygrométriques, qui confèrent aux espaces construits des atmosphères saines et confortables.
La construction en terre est historique et universelle. Elle a fait ses preuves à travers les siècles et les continents. Les premières briques de terre crue datent d'il y a plus de 10.000 ans. Aujourd'hui encore, plus de la moitié de la population mondiale vit dans des habitats en terre. En France, cette matérialité a progressivement disparu des cultures constructives après la Seconde Guerre mondiale. Pourtant, toutes leurs régions possèdent leurs propres modes de mise en œuvre, variantes locales d'un même procédé : mélanger de la terre, de l'eau et des fibres végétales. Au plus près de nous, un important patrimoine de fermes en bauge (technique traditionnelle locale) s’est constitué autour de Rennes. Il s’est en revanche peu développé dans la région nantaise, du fait de l’abondante ressource en pierres. Pour cette raison, le développement de la filière terre crue sur la métropole nantaise nécessite un important travail de pédagogie et de communication, ainsi que la structuration du réseau de construction, de la formation à la production.
Face à ce constat, nous œuvrons depuis un an à la création d’une briqueterie solidaire au sud de Nantes, en lien avec les acteur·ices de la métropole (collectivités, maçons et maçonnes terre crue, université Gustave Eiffel, associations d’insertion). Le projet s’articule autour de deux entités : une briqueterie ressource basée au sud de Nantes et une briqueterie mobile déployable in situ.
- Un lieu ressource :
En premier lieu, le projet consiste en la création d’un lieu de stockage et d’expérimentation. Les terres d’excavation, aujourd’hui fléchées comme des “déchets” du bâtiment, trouveront enfin un exutoire. Par ailleurs, ce lieu participera à la valorisation du territoire, en favorisant le développement de filières de fibres végétales, indispensables composantes de la construction écologique. Nous avons déjà initié des discussions avec les élu·es et associations en place au sujet de l’entretien des haies bocagères et nous poursuivrons les échanges pour encourager la culture de fibres (chanvre, roseau, miscanthus…). Les débouchés offerts par la construction garantiraient aux agriculteur·ices du coin des revenus stables et favoriseraient leur transition vers une agriculture écologique.
- Une structure mobile :
La fondation d'un établissement pilote sera complétée par le déploiement d’une structure mobile. Cette manufacture déplaçable et légère pourra être rapidement déployée sur tout site de construction. Cela permettra ainsi de centraliser les moyens de production in situ et de diminuer les nuisances liées au transport (émissions de CO2, fatigue, embouteillages). En amenant la briqueterie à la matière, et non l'inverse, le but est d'améliorer le métabolisme urbain, tout en réduisant considérablement la pollution liée au secteur du bâtiment.
- Une manufacture à taille humaine :
La recherche d’une frugalité en énergie se retrouvera également dans le développement d’outils productifs et ergonomiques. L’humain constituera le mètre étalon pour chaque partie de la briqueterie, correspondant aux étapes de la chaîne de production : de la zone de stockage à la zone de séchage, en passant par l’établi et les outils de moulage et démoulage. La prise en compte de la mixité des morphologies et physiologies est au fondement du projet, afin de prendre soin des corps, des rythmes et des postures. Nous prévoyons de nous faire accompagner par le SSTRN (Service Social du Travail de la Région Nord) pour valider ces postes et procédés.
- Un bien commun :
Au-delà de la défense de conditions de travail dignes, nous revendiquons une ambitieuse portée sociale. La manufacture mobile est envisagée comme un support de médiation, d’apprentissage et d’insertion par le travail. Le projet est OpenSource afin d’en assurer la réplicabilité. L'objectif est d'essaimer sur l'ensemble du bassin nantais, et au-delà (en lien avec les structures implantées sur d'autres territoires), afin de massifier la filière terre crue.
Dans le cadre d'un appel à projets sur l'économie circulaire, nous venons de recevoir le soutien de la région Pays de la Loire pour tout ce qui concerne la R&D et l'investissement en matériel. Nous sommes aujourd'hui à la recherche d'autres partenaires et appuis pour le volet communication et médiation.