Création d'un lieu de répit à La Ferme de Fardissou pour les agriculteurs en mal-être

Le projet de création d'un lieu de répit à la ferme pour les agriculteurs en mal-être dans le département 87 est né de constats, de notre expérience et d'échanges avec la MSA

Ce projet répond à des besoins non couverts aujourd'hui. En France, le taux de suicide dans le milieu agricole est l'un des plus importants. La crise agricole accentue ces derniers mois ce mal-être. Des dispositifs de soutien au remplacement vi la MSA existe mais ne répondent pas à tous les besoins. Cette expérimentation permettrait de se rendre compte que sortir de son isolement, rencontrer des personnes, se faire choyer, faire une pause dans un cadre extérieur et favorisant la détente, est une nécessité, un besoin vital pour se détacher de son quotidien, pour rendre du recul, pour mieux prendre son avenir en main sans avoir d'idées noires. Elle serait aussi l’occasion de sensibiliser et fédérer davantage les différents interlocuteurs des agriculteurs sur la problématique du mal-être. 

Genèse 

En 2012, quand j'ai écrit mon projet d'installation agricole, je l'avais appelé Ferme bien-être. Après une création de ferme entamée en 2018 avec l'achat du terrain, avec mon mari, les années qui ont suivi, ont été consacré d'abord à la production agricole. Depuis 2023, nous entamons la seconde phase du projet, l'accueil à la ferme. J'ai déjà démarré des activités type visite, atelier autour des plantes médicinales, car j'ai une formation d'herboriste. Mais je réfléchissais aussi à créer, à dédier des espaces de bien-être aux personnes qui avaient besoin de souffler, de se poser et de proposer des rencontres, des échanges pour aller mieux.

Dans le secteur agricole dont je fais partie depuis 5 ans d'installation agricole, j'ai été en fatigue mentale et j'ai dû faire appel à des interlocuteurs, des écoutants, pour m'aider, nous aider dans nos difficultés et j'ai découvert alors le dispositif Répit de la MSA. Dans le milieu agricole, les statistiques le disent, il y a beaucoup de mal-être allant parfois jusqu'au suicide. 

Ce thème a même donné lieu à une pièce de théâtre, joué déjà plus de 50 fois partout en France,  « Vacarmes ou comment l’homme marche sur la Terre » de la compagnie la Joie Errante qui a été présenté au Lycée des Vaseix  (87) en septembre 2024, alors même que les risques psycho-sociaux en agriculture sont maintenant un cours à part entière en BTS Agricole.

C'est alors que mon projet s'est peaufiné après une  participation à une journée en février 2024 autour des questions d’équilibre, de charge mentale et de simplification de son quotidien où 70 agriculteurs étaient présents. Ce jour-là, j’ai un déclic : le programme que je destinais aux particuliers, aux entreprises dans le cadre de leurs actions d'amélioration des conditions de travail et du bien-être au travail, devenait primordial pour les agriculteurs. Ainsi, petit à petit l’idée est devenue un projet, surtout après avoir reçu un avis très enthousiaste de la MSA. Après plusieurs rencontres, échanges, il prend forme et ce qui s’en dégage est bien de leur offrir une journée de répit sans contrainte et sans dépense, pour les aider à s'évader, à prendre du recul, à se centrer sur eux et oublier leur quotidien, une journée durant laquelle ils seront pris en charge sans charge mentale et ils auront juste à profiter pour en tirer des bénéfices. 

Concrètement

L'objectif est de leur proposer une journée qui leur permette de prendre conscience qu’ils ne sont pas seuls dans cette situation, qu’ils ont besoin de prendre soin d’eux et d’enclencher, au sortir de cette journée, des mécanismes pour aller mieux. Cette journée inclura bien entendu des temps collectifs mais privilégiera des temps individuels, qui du fait de mon expérience, sont indispensables pour une approche sur-mesure. 

Ce programme de « Journée Bien-être » à destination des agriculteurs en besoin de répit se déroulera à la Ferme de Fardissou, sur la commune de Saint-Genest-sur-Roselle. Elle prévoira l’intervention de thérapeutes et des activités de détente. Le plus grand souhait est de faire de notre ferme un lieu de répit pour tous ceux et toutes celles qui en ont besoin.

 Entre fin 2025 et  fin 2027 : 

  8 journées dans l'année à planifier avec la MSA, dès que possible

   Chaque journée s'adresse à 8 bénéficiaires que la MSA inscrira selon son dispositif Répit.

    Pour chaque journée, 

• 5 thérapeutes qui se relayeront toute la journée pour apporter des soins, des conseils, du mieux-être à chaque personne : 2 séances collectives, 3 séances individuelles

• moi en coordinatrice de journée et animatrice d'atelier « faire soi-même ».

• et un partenaire local traiteur pour la restauration, le magasin de producteur Saveurs Fermières.

 Au total sur le département 87, 64 agriculteurs seront concernés au minimum (car malheureusement le nombre d'agriculteurs identifié augmente)

Depuis 7 ans mon mari et moi-même créons notre ferme après une reconversion professionnelle.

Notre objectif initial était la création d'une "ferme bien-être". 

D'abord parce que nous avons souhaité, c'était une évidence, être en agriculture bio, pour pouvoir proposer des produits sains pour la santé. Aujourd'hui et dès le début, tout a été cultivé et transformé en 100% bio : le tournesol, la cameline, la sève de bouleau et les petits fruits rouges. Au-delà, de la production, j'ai une formation en herboristerie à la suite de 2 ans de formation à l'Ecole des plantes de Paris. Nous apportons un soin particulier aux choix de nos productions et recherchons toujours la plus-value santé dans notre production et nos transformations. Par exemple, nos huiles sont roches en oméga 9 et 3 et nous ne ferons pas d'huile en oméga 6 car moins intéressante pour la santé.

Ensuite, nous accueillons à la ferme. Notre verger est en auto-cueillette. Nous organisons des visites sur les plantes médicinales et proposons des ateliers pour faire sot un savon soit un baume médicinal. Nous commençons à louer des salles à la ferme pour tout type d'organisme. Mais à chaque fois, nous apportons un soin et une attention à nos actes d'accueil car nous voulons que les personnes se sentent bien, profitent de notre environnement sain et tranquille et gagnent en sérénité et bien-être. Et ça fonctionne !

Dans le projet initial, ces journées bien-être étaient prévues pour tout le monde, mais mon parcours à l'installation et les aléas rencontrés, m'ont orienté vers un public plus ciblé, nos collègues agriculteurs !

Dans le milieu agricole, prendre du temps pour soi est presque inconnu. Peu, trop d’agriculteurs en prennent. Souvent assommé par le modèle archaïque du père agriculteur, l’agriculteur travaille sans se poser de questions, parce que « c’est comme ça ». Et pourtant il y a un besoin. Quand j’assiste à des réunions entre producteurs ou lors de formation, toujours la question du temps de travail, de la valeur, de la rémunération et du repos, revient toujours et amène à des constats amers pouvant conduire à l'irréparable.

Dans le monde agricole, la santé est trop souvent délaissé et l'écologique trop peu présente. Avec ce projet, entouré d'aides, nous souhaitons aider chaque personne à être mieux dans son quotidien, dans sa vie privée et à prendre conscience qu'il faut faire attention à soi et prendre du temps pour soi pour gagner en santé physique et en santé mentale.