Musée numérique sonore

Le numérique comme levier de santé et d’inclusion culturelle, projet porté par le Réseau associatif Culture Santé Centre-Val de Loire 

Le numérique au service du lien entre culture et santé 

Le Réseau Culture Santé Centre-Val de Loire est un espace de ressources, d’expérimentation et d’accompagnement au croisement des secteurs culturel, sanitaire et médico-social. Il fédère des acteurs issus de la santé, de la culture, de la recherche et de la formation, autour d’une conviction commune : la culture est un déterminant essentiel de la santé et du bien-être. Dans cette perspective, l’association s'est dotée récemment du dispositif Micro-Folie, un musée numérique mobile conçu par La Villette et alimenté par les collections de grands musées nationaux (Louvre, Orsay, Centre Pompidou…) et d’institutions régionales (musées des Beaux-Arts de Tours et d’Orléans, FRAC Centre, châteaux de la Loire, …). Pensée comme un outil de médiation culturelle numérique, la Micro-Folie facilite l'accès à la culture des usagers de santé parfois éloignés de l'offre, en particulier dans les établissements de santé, les structures médico-sociales et les territoires ruraux. Elle offre un accès immersif à des chefs-d’œuvre du patrimoine, grâce à une technologie accessible et conviviale, transformant ainsi le numérique en outil d’émancipation, de lien et de soin.

À partir de cet outil, le Réseau Culture Santé souhaite développer une action qui interroge la manière dont le musée numérique peut renforcer le bien-être, le sentiment de communauté et l’estime de soi, tout en favorisant l’accès à l’art. 

En 2026, l’artiste Anne-Line Drocourt, artiste sonore, sera accueillie en résidence dans deux établissements du Loir-et-Cher : l’EHPAD La Bonne Eure à Bracieux et la Clinique du Centre à Huisseau-sur-Cosson, ainsi qu’à la Fondation du Doute à Blois. 

Durant ces résidences, elle proposera des rencontres et ateliers aux différents publics (résidents, patients, soignants, familles,professionnels de l'art, étudiants en art) à partir des collections numériques de la Micro-Folie. Les œuvres projetées deviendront supports de dialogue, de mémoire et d’imagination, permettant à chacun d’exprimer son rapport à la beauté, à l’art et à ses propres souvenirs. 

La démarche d’Anne-Line Drocourt s’inscrit dans une approche à la fois poétique, sociologique et inclusive. Sa note d’intention (jointe) évoque une enfance partagée entre fascination et ennui face aux œuvres, et un questionnement profond sur la légitimité du regard : « N’y rien comprendre » peut aussi être une manière d’entrer en relation avec l’art. Pour elle, la Micro-Folie devient un prétexte à la parole et à la réappropriation : un espace où les technologies numériques ne créent pas de distance, mais ouvrent un champ d’expérience collective. Son projet prend la forme d’une enquête sensible sur le “Beau”, menée à travers des outils multiples : 

• ateliers collectifs de conversation autour des œuvres numériques, favorisant l’écoute, la curiosité et l’imaginaire ;
• entretiens individuels pour recueillir récits de vie, émotions, souvenirs, anecdotes ;
• dispositifs participatifs numériques et papier (questionnaires, dessins, enregistrements) permettant à chacun de contribuer à la création. 

Ces moments d’échange viseront à désacraliser le rapport à l’art et à rétablir la confiance dans la parole sensible, en montrant que toute expérience esthétique a une valeur, qu’elle soit savante ou intuitive. 

À partir des matériaux collectés (voix, sons, mots, images, dessins) l’artiste réalisera une création sonore et visuelle. Cette œuvre prendra la forme d’un abécédaire : un montage fragmenté et polyphonique, où chaque lettre donnera lieu à un mot, une idée, une émotion (A comme Art, B comme Beau, C comme Critique, E comme Ennui, F comme Fontaine…). L’œuvre sera ensuite intégrée à la Micro-Folie et diffusée dans les établissements de santé du Centre-Val de Loire. En amont des médiations menées par les équipes du Réseau, elle servira de porte d’entrée sensible à la découverte des collections numériques, en tissant un fil entre voix anonymes et chefs-d’œuvre universels. 

Ce faisant, le numérique devient un espace d’hospitalité symbolique : il permet aux publics de se reconnaître dans l’art, d’y projeter leur vécu, et de se sentir légitimes à en parler. 

Le projet s’inscrit dans une réflexion plus large sur la santé globale, qui inclut la santé mentale, sociale et culturelle. Le dispositif agit sur plusieurs plans : 

• Bien-être psychique : les résidents et patients sont invités à raconter, imaginer, partager, se souvenir, le projet est un espace d'expression.
• Lien social : la Micro-Folie est un outil de rencontre, réunissant soignants, familles, artistes, chercheurs et usagers.
• Accessibilité culturelle : grâce à la technologie, des publics éloignés des musées peuvent vivre une expérience culturelle sans contrainte de mobilité.
• Innovation : la démarche s’inscrit dans une approche de santé culturelle, où le numérique soutient les objectifs de bien-être et de lien social. 

Le projet s’appuie sur la conviction que le digital n’est pas un substitut à la relation humaine, mais un amplificateur de lien. Utilisé dans un cadre artistique et collectif, il devient un outil de médiation et de soin. 

Après une phase d’expérimentation dans le Loir-et-Cher, le projet sera déployé à l’échelle régionale, notamment dans le Loiret (CHU d’Orléans, FAM - ADAPEI 45) et le Cher (EHPAD Les Résidences Bellevue). Cette extension permettra de consolider un réseau de coopération intersectoriel, associant établissements de santé, structures culturelles, universités et collectivités. La diffusion de la création d’Anne-Line Drocourt au sein de la Micro-Folie assurera une pérennité du projet et une capitalisation des expériences, permettant à d’autres équipes de s’en inspirer pour développer des formes innovantes d’art et de soin.