Pédaler à la rencontre des majeurs protégés

Professionnelle libérale MJPM (Mandataire Judiciaire à la Protection des Majeurs) depuis 2014, je m'occupe de 38 personnes pour qui je suis tuteur, curateur ou mandataire spéciale. C'est un métier passionnant et varié : aussi varié que la vie des gens ! Mais qui a son lot de pressions et d'inquiétudes, autant que les soucis de toutes ces personnes vis à vis desquelles je suis désignée (désignation qui intervient souvent dans un moment charnière de leur existence : décès du proche aidant, perte d'autonomie, organisation du maintien à domicile ou démarches liées à l'installation en établissement...) En 2018, l'ensemble du poids de ces responsabilités du quotidien pour tous m'a amenée à un quasi burn-out. Puis. Puis, j'ai décidé de voir les choses autrement. Et quoi de mieux que l'activité physique pour voir les choses autrement ? Se déplacer n'est pas forcément en voiture... Même pour les déplacements professionnels ! Même quand il s'agit de faire 100 à 200 kms par semaine à vélo. Depuis 2018, j'ai pris le parti d'aller voir mes protégés à vélo ou mix train-vélo (même vélo-train-bus), les dossiers en sac à dos (ou porte-bagages selon le nombre de visites de la journée). Mon moral est meilleur, je vis plein d'aventures mémorables (c'est ça d'être en vie ! En vie pour soi et son métier...) comme la fois où je me suis retrouvée dans un champ de moutons, ou la fois où je suis restée sur le palier tellement j'étais boueuse et mouillée... Mes protégés ont pris cette habitude de me voir arriver à vélo. En milieu rural où j'exerce, cela devient presque un geste militant, car ce qu'on me dit sans cesse "c'est que sans voiture, on ne fait plus rien et on se sent vite n'être plus rien"... Faire ses visites professionnelles à vélo, c'est vis à vis des plus faibles ouvrir l'imaginaire à d'autres possibilités, moins onéreuses, plus écologiques et économiques... Et surtout bonnes pour la santé. Le temps perdu en allongement de temps de trajet n'est en réalité pas du temps perdu, au fil des kilomètres, on retrouve les pédales et si une voie est une impasse, au propre comme au figuré, on trouve un autre passage.